14 novembre 2007

Les quatre saisons dans le désordes

Samedi le 13 octobre, chargés à bloc, nos deux aventuriers ont décidé de tenter une randonnée assez soutenue question de profiter une dernière fois des couleurs de l'automne. On veut faire le Dix Range, une grosse randonnée dans un secteur beaucoup moins achalandé qui devrait nous permettre d'ajouter cinq sommets à notre liste avec un peu de chance, si tout se passe bien dans les herdpaths. Le vendredi je sens des appréhensions de la part de mon fidèle partner, quand il apprend la température... Je me fais rassurant et je tente de l'acheter... rien n’a faire, il ne cède pas sous le chocolat... je lui propose 2 scénarios, samedi matin il m'appelle s'il se sent en forme on part tôt en après-midi et on se tape Giant pour se dégourdir les jambes avant de camper. Finalement, on opte pour la seconde option, ce qui me laisse le temps d'allez au judo. Le plan est assez comique, on va se faire une game de dungeons... ça fait tellement longtemps, on terminer ver 20h30. On part donc à la noirceur pour les Adis, le douanier en revient juste pas, il pense que l'on se fout de sa gueule... il comprend pas ce que deux gars vont faire à 21h30, il fait frette, y'annonce de la merde le lendemain, notre site de camping est assez étrange... Finalement après nous avoir fait ouvrir la valise pour vérifier si on ne se payait pas sa gueule il nous laisse partir. Je ne peux pas vous décrire le fou rire que nous avons eu juste après... On arrive assez tard (22h30) au stationnement du Elk Lake, après une section de route fort intéressante quand on veut essayer sa nouvelle voiture 4x4. On décide de camper dans le stationnement, pour être un peu plus précis, on campe dans la voiture :) Vraiment parfait ce véhicule, les proportions sont idéales, un peu juste, mais nous sommes au sec et nous avons pas de tente a faire sécher. On déjeune rapidement.... enfin, c'était le plan, rapidement la soupe mijote et ensuite on s'attaque aux crêpes.... bon c'est bon, mais c'est tellement long à faire... prochaine fois, déjeuner sec... l'idée de coucher dans le stationnement c'est de gagner du temps... On se prépare rapidement, l'habitude nous dicte ce que nous devons transporter dans nos petits sacs.

L'été :
Dès le départ on prend en photos la carte détaillée à l'entrée qui indique les fameux herdpaths. Armé de la photo de la carte, ainsi que de nos deux cartes (la carte du National Géographique est géniale) sans oublier le GPS qui est en fonction, on attaque le sentier. Le début est assez facile, sans véritable dénivelé, ça nous permet de nous réchauffer tranquillement les muscles. On se permet aussi de dépasser deux groupes qui ont débuté un peu avant nous. Ce que j'appréhende arrive... on cherche le herdpath... c'est supposé être près du lean-to mais en vain... finalement, on aperçoit deux autres femmes armées d'un GPS qui cherche le début de l’herdpath tout comme nous... on cherche, on fait presque qu'une battue... on trouve des semblants de sentier qui s'avère toujours être des culs de sac. On tourne décidément en rond... on revient au point de départ on rencontre deux autres gars qui cherchent la même chose... au moins on cherche tous la même chose, mais en vain. Finalement, je fais confiance à mon instinct et on revient sur nos pas, il me semble avoir aperçu un providentiel cairn. J'avais oublié le moto du randonneur; « le cairn est ton ami, il t'indique le chemin ».

L'automne :
Une fois trouvé, l’herdpath se révèle assez facile à suivre. La montée vers le premier sommet se fait assez bien, elle monte constamment, mais ça se fait bien, très rapidement la végétation se drape de son manteau multicolore qui lui fait si bien. La végétation change à une vitesse folle, il faut dire que la baisse de température se fait déjà ressentir. Rapidement les arbres se départissent de leurs robes de feuilles aux couleurs vives. C'est dommage, mais au moins ça témoigne de notre rapide progression.

L'hiver :
Le petit miracle que j'attendais avec impatience c'est enfin produit... on aperçoit de la neige au sol... j'avais oublié à quel point c'est beau le contraste du blanc avec le vert des résineux et le brun foncé de la terre. Moi et Claude on retombe en enfance l'espèce d'un moment et on mitraille avec nos appareils photos cette nature si fragile. L'enthousiaste nous gagne et on reprend notre ascension vers sommet. Un nouveau "miracle " se produit on arrive devant la "Big Slide" une zone dénuder de végétation suite a un gros glissement de terrain. À ce point c'est rendu l'hiver, ce n'est plus quelques flocons timides, mais une petite bordée de neige... humm... La monté est difficile, il y a beaucoup d'eau qui ruisselle sur la paroi et elle se transforme en glace a certain endroit... malgré le froid, la tuque absente et les gants non adaptés on réussi a se tenir au chaud ne serait-ce que par l'effort et ce malgré que l'on doit souvent utiliser nos mains. Le paysage est vraiment magnifique, on voit le contraste que la température impose à la végétation de la région... on y retrouve toutes les saisons au même moment. Tranquillement on est rattrapé par les nombreux groupes qui tentent le Dix Range comme nous. Tel un pisteur je continue de chercher les traces du randonneur solitaire qui nous a précédés, afin de profiter de son expérience et de sa lecture excellente de la voie d'ascension. On arrive enfin du mont Macomb. Ouff c'est pas chaud, on enfile le Gore-Tex, et on met le chapeau... on mange rapidement et on discute avec d'autres randonneurs qui nous trouvent ambitieux. Comme de fait, on voit déjà du monde rebrousser chemin, pas étonnants ils sont en manche courte et il fait sous zéro. On repart donc prestement bien repus, il me reste encore beaucoup de nourriture, je sais que la journée va être longue et je dois faire attention a mon partner qui a un peu moins d'endurance que moi bien qu'il soit beaucoup plus en forme que moi. Je continue à pister les traces du randonneur solitaire ce qui rend la lecture de l’herdpath beaucoup plus facile malgré la neige et les feuilles qui recouvrent un peu le sentier. Le chemin suit les crêtes naturelles entre les sommets et on arrive assez rapidement un sommet de South Dix qui possède lui aussi un charme avec les paysages qu'il nous réserve. On prend évidemment encore beaucoup de photos, je crois que l'on est en train d'user nos appareils respectifs... Décidemment, le morale est bon et on entreprend de faire faire l'aller-retour pour allez chercher le East Dix.

Le printemps :

Le soleil est au zénith et il nous fait subitement changer de saison, la neige accumulée dans les arbres, fond rapidement. La fonte est si rapide qu'on dirait qu'il pleut, nous forçant à garder nos manteaux pour éviter d'être détrempés. Le chemin est un joyeux mélange de boue et de slush, on a beau faire des acrobaties, mais c'est impossible de se garder les pieds au sec... bon j'ai peut être été négligent sur l'imperméabilisation de mes bottes. On suit toujours les traces de notre randonneur solitaire qui a tracé le chemin pour nous, on y aperçoit aussi ses traces quand il est revenu d'East Dix. C'est encourageant, mais d'un autre coté ça veut dire qu'on ne le croisement pas, il a beaucoup d'avance sur nous. Nos bottes sont devenues de véritable réserve d'eau... je sens presque des vagues quand je marche... vive les bas de laine. Malgré tout, on arrive, au sommet, qui une fois encore est sublime, il nous offre un point de vue extraordinaire, la lumière se met de la partie et on réalise encore une fois de belles photos. On se dépêche de revenir sur nos pas... on c'est que le temps file et que la journée est loin d'être terminé, en fait nous avons fait la moitié de notre randonnée.

On arrive rapidement au début du chemin qui nous permettait d'atteindre East Dix. On s'encourage, on mange, on boit un peu, on se prime et on part à l'assaut du prochain sommet nommé Hough. En chemin on croise même une équipe qui redescend du sommet et qui va tenter de rejoindre par un autre herdpath que nous n’avons pas sur nos cartes. Entre deux Houba !!! Houga! on comprend rapidement la signification du nom du sommet, on y met beaucoup d'effort. Ce n’est pas tant que ce soit si difficile, mais nous avons 4 monts derrière la cravate (on se trouve à avoir fait South Dix deux fois). Les jambes sont un peu plus fatiguées et on puise dans nos réserves.

Encore l'hiver?? :

Le sentier s'assèche tranquillement à cause du froid qui revient. La "pluie" a cessé, et on retrouve encore de la belle neige. On referme le manteau, on mange encore une bouchée de pas tombé d'épuisement. On fait quelques courtes poses et on arrive enfin au sommet. Suite à une photo rapide, on s'interroge sur ce que l'on doit faire... doit-on revenir sur nos pas et emprunter le herdpath alternatif que les deux autres randonneurs nous ont mentionné. Je trouve ça risqué, la noirceur va tomber rapidement et je ne vois pas ça d'un très bon œil de chercher notre chemin à la lampe de poche. On opte donc pour atteindre le dernier sommet. Notre progression à ralentie, pas que ce soit si difficile, mais c'est clair que l'épuisement est pas loin. C'est un beau défis et je multiplie les encouragements, malheureusement la montagne nous joue des tours et il semble que le sommet ne cesse de s'éloigner de nous. Ce n'est rien pour nous remonter le moral, mais nous n'avons plus le choix. On s'accroche donc, et on finit par atteindre le sommet.


Il y a une saison plus froide que l'hiver?:

On se croirait presqu'en plein blizzard, la température est glaciale, le tout amplifié par un vent puissant. Chapeau et capuchon nous marchons tête baisser jusqu'au sommet sud de la montagne.. On tente de prendre une photo avec mon appareil, mais horreur... Il semble que la température ou l'eau soit venue à bout de ma petite Olympus... :( Claude grogne, il sort rapidement le sien, je fais une mou d'une personne épuiser pour représenter tout l'effort que nous avons mis jusqu'à présent. La photo est floue.. pas grave pas le temps, on redescend prestement. Claude semble épuisé, j'ai dû l'encourager à mainte reprise lors de l'ascension finale, je redouble de prudence et je lui dit de prendre ses précautions dans la descente très abrupte. Tout ce passe bien et la température deviens beaucoup plus supportable lorsque l'on atteint la ligne des arbres.

L'automne (ou est passé le printemps et l'été… ) :

Le reste de la descente se fait très bien, nous sommes tous deux très contents, avoir réussi notre objectif d'atteindre cinq nouveaux sommets. Rapidement on doit allumer nos lampes frontales… l'un de nous a oublié de remplacer ses piles suite au camp d'été, je vous laisse deviner qui a fait l'oubli, bref ça ressemble plus à une chandelle, mais ça fait la job. Je suis content que l'on ait pris ce chemin pour revenir, il est très facile à suivre et il est sec, je ne suis pas certain que ça aurait été aussi facile de trouver l'autre et de le suivre avec une seule lumière. La descente est très longue, on sort à plusieurs reprises la carte question de s'assurer que l'on est sur la bonne voie. Arrivé à l'intersection de la trail principale j'en profite pour manger un peu, je force même mon partner à avaler une bouchée… ça passe pas… je suis un peu inquiet, je me prépare mentalement au pire. On s'encourage mutuellement, Houba ! Houga ! Le GPS nous rassure, il en reste pas tant que ça, Claude est dans ses dernières réserves, je pense qu'il avance à la force de sa volonté. Nous avons un regain de vitesse lorsque l'on atteint le dernier embranchement, bingo, 5 minutes plus tard on aperçoit l'auto.

Le retour se fait bien, mon copilote dort à point fermé, c'est une bonne chose, car il travaille pas mal plus tôt que moi. Lorsque l'on repasse aux douanes nous avons droit à un bel accueil, il semble super intéressé. Ça fait tout drôle, surtout en passant à l'autre douanier que nous avons eu lors de notre arrivée aux States.

Le bilan :

C'est l'expédition la plus dure après un certain 24h, nous sommes vraiment fiers, on a fait pas loin de 27km, six sommets en 12hrs. C'est seulement une heure de plus que l'équipe du K.E.D.S. c'est vraiment bon. Personnelement, je pense que c'est les plus beaux paysages que nous avons eu depuis les débuts de nos aventures. Nous sommes vraiment plus endurants qu'au début de l'été, le morale est bon et nous connaissons mieux nos limites. Je pense que l'on est prêt pour nos expéditions hivernales qui vont bientôt commencer et qui risquent aussi d'être assez difficiles.

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