10 mars 2008

On le surnomme «le géant»


Après notre extraordinaire randonnée au mont Whiteface, j'étais très impatient de partir à nouveau. Avec la préparation du camp ours polaire et de ma fête qui approchait, ce n'était pas évident de trouver une journée de libre. J'appelle donc Claude et ça va comme suit :

Jonathan : Salut Claude, ça va?
Claude : Oui en forme, et toi?
Jonathan : Oui, au fait, tu fais quelque chose samedi prochain?
Claude : Bien, c'est genre ta fête!
Jonathan : Bien justement, on part en rando!
Claude : Heu....
Jonathan : « Come on » ça serait vraiment génial, je me charge de tout...
Claude : OK, c'est cool

Je sais pas ce que j'avais au moi de février, mais ça me démangeaient vraiment et je voulais absolument allez en rando pour ma fête. Quoi de mieux que de faire ce que l'on aime avec des amis que l'on apprécie lors d'une journée bien spéciale.

Le trajet pour se rendre au début des pistes se passe très bien, les douanes se passent toujours très rapidement l'hiver et en plus je connais l'endroit ou nous devons nous stationner, c'est pas très loin du début des pistes pour le mont Gothic . À peine sommes-nous arrivés que l'on croise une vraie foule, pour la plupart, il s'agit de gens qui vont à la conquête des parois d'escalades de glace que l'on retrouve de l'autre coté de la route. On fait même un petit brin de jasette avec deux Français de New York qui s'en vont faire de l'escalade de glace, ils sont partis le matin même, de New York, à 3-4h00 du matin... GANG DE MALADES MENTAUX! Heu… de motivés je veux dire…

La température est assez clémente, il fait beau, chaud et il vente peu, Claude en profite donc pour mettre ses bermudas de randonnées. On remplit rapidement le registre et on part, je suis pas en super forme, mais ça va sommes toutes assez bien, car le chemin est déjà tracé par des randonneurs plus matinaux que nous. Une quinzaine de minutes après le début de l'excursion, on commence à monter sérieusement, le sentier est très sinueux question d'aider à l'ascension. On fait une petite pause question de marquer dans la neige un endroit ou l'on peut descendre sur les fesses en ligne droite sans avoir besoin de faire tous les zigzags... ça va être très agréable au retour quand nous allons être très fatigués.

La montée est très longue, mais sans grande difficulté, plusieurs personnes sont passées avant nous et ont ouvert le sentier. Arrivé au sommet d'une petite crête on profite du paysage pour faire une petite pause bouffe en admirant les montagnes environnantes. Dans mon repas, je découvre une petite attention pour ma fête, le petit choco est très bon, j'offre la dernière bouchée à mon partenaire envieux :). On entend des voix qui se rapprochent, des voix de femmes, qui parlent français en plus… Cinq petites minutes plus tard, on fait la rencontre de deux couples de Belœil. On fait un petit brin de jasette et on les laisse passer, pendant que l'on termine notre repas. Rapidement, on les rejoint, la conversation se fait assez brève, possiblement que la monté n'aide pas trop, on les dépasse donc. On va se suivre jusqu'à l'embranchement pour le mont Rocky. On se dit un au revoir, car nos chemins se séparent, eux doivent revenir tôt pour écouter le match de hockey, ça ne semble pas plaire nécessairement aux deux demoiselles.




Claude et moi on se regarde… je sens très bien le doute… Bien que Rocky ne soit pas extrêmement éloigné, le sentier n'est pas tracé. On regarde donc sur la carte, il faut parcourir environ 1 mile, ce qui n'est pas si terrible, par contre on se trouve à avoir environ 1000 pieds de dénivelés à faire entre les deux sommets. On décide donc de tenter le coup, nous sommes presqu'au sommet de Giant alors ça va être encourageant au retour d'atteindre un sommet si rapidement malgré la fatigue.

La descente vers Rocky est difficile, c'est très abrupt, les marqueurs sont difficiles à trouver et le chemin n'est pas ouvert. On doit donc utiliser notre instinct et notre sens de l'observation pour trouver le bon chemin. La progression est lente et on doit parfois revenir sur nos pas, mais il n'y a pas de problèmes majeurs. On résiste à la tentation de descendre sur les fesses, on se concentre sur la création d'un beau sentier en zigzag qui va nous aider lors de la montée au retour. Une fois rendu dans le creux entre les deux sommets, on décide de se réfugier dans un abri naturel ( un peu comme un pin-compagnon :)) pour y manger le restant de notre dîner. À première vue, c'est une bonne idée et ça fait du bien, par contre dès les premiers pas dans la montée avant le sommet on réalise que ce n'était peut-être pas l'idée du siècle… La pente est très abrupte, le chemin n'est toujours pas tracé et les balises ne sont pas toujours faciles à repérer. On s'échange très souvent la position de tête, question de ne pas trop se brûler à défricher le sentier dans la grosse neige folle. Je dois avouer que Claude a eu sa part du lion et que j'ai pris pas mal moins souvent la tête. En fait, c'est très drôle, car on avait l'air de deux gars courant un lapin… il semble qu'il existe une espèce de lapin des montagnes qui partage la même passion que nous pour les sommets. Le plus étrange dans tout ça, c'est que le lapin nous indiquait l'emplacement du sentier par ses traces dans la neige folle.

Quelques litres de sueur plus loin, on arrive au sommet, c'est terriblement venteux, on fait une inspection rapide pour s'assurer que nous sommes bien au sommet. Claude est complètement frigorifié, on se réfugie donc un peu plus bas sous le couvert des arbres pour consulter la carte. Nous avons bel et bien atteint le sommet, on se fait un petit plan de match pour allez prendre une photo au sommet. Bref, on laisse les sacs derrière et on court comme des débiles vers le gros cairn pour prendre des photos. Dès les photos prises, Claude part se mettre à couvert un peu plus bas à l'endroit ou l'on a laissé nos sacs. Moi je profite du spectacle un peu, je suis bien habillé et avec mes lunettes de ski c'est génial. C'est grandiose, je ne vois absolument rien, mais je ressens la force de la nature. Le vent siffle dans mes oreilles, la neige rebondit sur mes lunettes et le vent me supporte lorsque je me penche vers l'avant. Je profite du blizzard quelques petites minutes et je vais retrouver Claude. Il a le visage tout bleu, faut dire qu'il avait oublié d'apporter sont cache-cou et qu'il n'avait pas de lunette. Avec un peu de recul j'aurais du prendre une photo, il ressemblait réellement à un stroumpf, quelques minutes plus tard, il avait repris ses couleurs.

Dans le vent au sommet

Après ce bref moment d'extase, on retourne vers le sommet de Giant, le retour se fait assez bien, car nous n'avons plus qu'à suivre nos pas dans la neige. Nos fesses profitent de quelques descentes, pendant que nos pieds se transforment en pelle à neige. La seconde partie vers Giant est plus difficile, faut dire que c'est une belle montée. Avec la prévoyance de Claude qui a fait un chemin en zigzag, la montée ne cause pas trop de problèmes. Par contre, nous commençons à être passablement fatigués. Claude envisage même de skipper le sommet de Giant puisqu'il commence déjà à faire noir. J'essais de me faire rassurant, je sais que nous avons fait le plus difficile déjà et que le sommet ne devrait pas être très loin de l'intersection… reste à savoir c'est comment long à atteindre un pas très loin. Quelques minutes plus tard, on sort nos frontales, Claude commençait à avoir de la difficulté à suivre nos pistes. Même avec de la lumière, c'est vraiment difficile, le vent à tout recouvert, il ne reste plus la moindre trace, on y va un peu à l'intuition, de temps en temps on recourt au feeling GPS ;)


Quelques minutes plus tard, on arrive à l'intersection qui nous mène soit vers le sommet, soit vers l'auto. Je réussis à convaincre Claude, ça serait bête de revenir sur nos pas si près du but, surtout que le retour est toujours rapide. Question de faire ça le plus rapidement possible et sans trop s'épuiser, on décide de laisser nos sacs dans le sentier et de partir qu'avec l'essentiel. Je prête mon beau casque de poil à Claude, ça devrait le tenir au chaud. On prend la carte, le GPS, l'appareil photo, une pelure de plus sur le torse,une gorgé d'eau et on part rapidement. À peine deux minutes plus tard, on est arrivé au sommet. Il fait assez froid, c'est noir, il neige beaucoup et le vent est très puissant. On trouve au sommet une rose de plantée dans la neige par un des groupes nous précédant, tout au long de notre ascension nous avions retrouvé des pétales dans le sentier. Pendant que Captain Casque de Poil se prépare pour les photos, je découvre un petit drapeau avec tout plein d'écriture. Il semble que nos prédécesseurs aient voulu rendre hommage à quelqu'un en montant Giant. On prend plusieurs photos au sommet, pas que le paysage soit particulièrement beau on n'y voit absolument rien, mais on veut s'assurer d'avoir au moins une ou deux photos de bonnes avant de redescendre. Après un petit 15 minutes, ou mes doigts commençaient à congeler à cause de la glace sur mes couvres mitaine, on retourne vers nos sacs à dos pour entamer la descente.

Une petite surprise nous attend dès que l'on dépasse l'intersection, toutes les traces dans la neige ont été ensevelies par l'accumulation. On marche en plein blizzard, nos lampes de poche n'éclairent pas très loin et c'est difficile de se repérer. On reste très prudent et on y vent lentement malgré le froid. À quelques reprises, je dois utiliser le GPS pour retrouver le "sentier". Je suis bien content de l'avoir apporté finalement bien que je ne crois pas que l'on aurait pu se perdre, mais ça accélère drôlement nos recherches tout en évitant que l'on reste trop longtemps dans le blizzard. On atteint finalement la ligne des arbres, et pour le reste de la randonnée on va être protégé du vent. Le reste de la descente, quoique longue, c'est très bien fait, on progresse assez rapidement. Mes mains se réchauffent très vite après avoir enfilé mes mitaines sèches, je passe aussi une paire de gants en laine à mon comparse qui commençait à avoir froid. Après quelques heures de marches, de glissade et une fausse piste de Claude on arrive à l'auto.

Mon partner profite de la route pour faire un petit somme. On fait un petit arrêt à Platsburg pour se restaurer… Y'à plus grand-chose d'ouvert, on se tourne vers un Pizza Hut. Bien que ça soit rempli à craquer à cause d'un autobus d'étudiant, on est sommes toute, rapidement servis. Bref, une très belle rando, je sens le bienfait des endorphines et j'envie un peu Claude d'être assis sur le banc du passager.

P.S. Je pense que je suis rendu un accro des Adirondack.
P.S.2. Je pense que je suis accro aux vents violents que l'on retrouve au sommet.
PP.S.3. Je pense que je suis dû pour allez faire un autre sommet la fin de semaine prochaine :)

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